
Accompagner le changement : susciter l’élan collectif
Transformer les résistances en énergie d’action
1. Le changement, une expérience humaine avant tout
Chaque transformation réveille des peurs : perte de repères, crainte de l’incompétence, peur du vide.
C’est pourquoi le changement ne se décrète pas : il s’accompagne.
Le rôle du manager n’est pas d’être le moteur héroïque de la transformation, mais le régulateur du processus émotionnel.
Car derrière toute résistance se cache une information utile : un besoin non reconnu, une inquiétude non exprimée, un sens non clarifié.
Accueillir ces signaux au lieu de les juger, c’est déjà accompagner le changement.
2. Le modèle PISE : comprendre ses résistances pour mieux avancer
Le modèle PISE – Pouvoir, Intérêt, Savoir, Envie – est un outil simple et puissant pour aider chacun à se situer face au changement.
Il permet de repérer ce qui, en soi ou dans son équipe, freine, questionne ou stimule l’engagement.
Parce que résister, ce n’est pas refuser de changer : c’est exprimer un besoin non entendu.
P – Pouvoir
Ai-je le sentiment d’avoir une marge d’action ? De pouvoir influencer, décider, contribuer ?
Sans espace de pouvoir, la personne se sent dépossédée — elle subit au lieu d’agir.
Le rôle du manager est de redonner du champ, de la confiance, des moyens concrets pour agir à son échelle.
I – Intérêt
Quel est mon intérêt dans ce changement ? Qu’est-ce que j’ai à y gagner — ou à y perdre ?
Tant que le bénéfice perçu est flou, la motivation reste fragile.
Clarifier les enjeux individuels et collectifs aide à reconnecter chacun à ce qui fait sens pour lui.
S – Savoir
Ai-je les compétences, les repères, les informations nécessaires pour traverser cette transition ?
Le manque de savoir engendre l’insécurité.
Donner accès aux connaissances, former, expliciter les attentes réduit la peur de l’inconnu et restaure la confiance.
E – Envie
Est-ce que j’en ai envie ? Est-ce que cette direction me parle, me motive, m’inspire ?
L’envie, c’est l’énergie du changement. Elle ne se décrète pas, elle se nourrit.
Le manager peut la raviver en valorisant les réussites, en donnant du sens, en créant des perspectives.
Le PISE agit comme un miroir.
En prenant le temps de se poser ces quatre questions, chacun peut identifier où se loge sa résistance : manque de pouvoir, d’intérêt, de savoir ou d’envie.
Et c’est à partir de cette lucidité que le mouvement redevient possible.
3. Transformer les résistances : la stratégie des alliés
Une erreur fréquente consiste à se concentrer sur ceux qui s’opposent au changement.
Or, dans toute transformation, il existe toujours :
– des alliés convaincus, moteurs du projet,
– des neutres attentistes, qui observent,
– des résistants, souvent par peur ou par épuisement.
Le réflexe naturel est de vouloir “convertir” les résistants.
Mais l’énergie du changement se déploie d’abord chez les alliés.
Les embarquer, les écouter, les faire témoigner, c’est leur permettre de devenir influenceurs positifs.
Et souvent, par capillarité, les neutres finissent par basculer à leur tour.
La clé n’est pas de convaincre tout le monde, mais de faire basculer la masse critique.
4. Les leviers managériaux du changement
Donner du sens
Les collaborateurs n’adhèrent pas à un projet “parce qu’on leur demande de le faire”.
Ils s’engagent lorsqu’ils comprennent pourquoi il existe, comment il a été pensé, et en quoi ils peuvent y contribuer.
C’est là qu’intervient la loi de Z : dans tout changement, le COMEX parcourt un chemin intellectuel et émotionnel – du pourquoi au comment, puis au quoi.
Mais quand ce quoi est directement communiqué aux équipes sans leur faire revivre ce chemin, elles n’ont pas le même niveau de compréhension ni d’appropriation.
Elles reçoivent une décision “tombée d’en haut”, sans avoir traversé les étapes qui donnent du sens.
Donner du sens, c’est donc refaire ensemble ce parcours du Z :
– Expliquer le pourquoi avant de détailler le quoi,
– Partager le comment plutôt que d’imposer la conclusion,
– Inviter les équipes à revisiter la réflexion pour que la vision prenne vie.
Clarifier le pourquoi avant le comment n’est pas une perte de temps — c’est un acte de leadership et de cohérence.
Écouter avant d’agir
Tout accompagnement commence par une phase d’écoute réelle.
Prendre le temps de comprendre ce qui se joue, de nommer les difficultés, d’entendre les besoins.
Quelques questions simples changent souvent tout :
– Qu’est-ce qui vous semble difficile ?
– Qu’est-ce que vous avez besoin de comprendre ?
– Qu’est-ce qui, à vos yeux, serait un signe de réussite ?
Cette écoute ne ralentit pas le changement : elle le rend durable.
Rythmer et célébrer
Tout processus de transformation a besoin de repères.
Rythmer les étapes, reconnaître les efforts, célébrer les avancées — même modestes — entretient la dynamique collective.
Un collectif avance mieux lorsqu’il voit ce qui évolue, plutôt que ce qui manque encore.
5. Les pièges à éviter
Partir trop vite vers le “quoi” sans accompagner les étapes précédentes
Négliger la dimension émotionnelle : les résistances ne sont pas des obstacles, mais des signaux
Parler sans agir : lorsque les discours ne sont pas soutenus par des actes, la confiance se fissure
Imposer sans co-construire : cela génère du recul, de la soumission ou du sabotage.
Ce que cela change, concrètement
Le changement devient approprié — non subi
Les équipes s’engagent avec une posture de curiosité et de responsabilité
Le manager cesse d’être “celui qui pousse” pour devenir architecte de l’élan collectif
Le premier petit pas
Repensez à un changement en cours dans votre organisation.
Demandez-vous :
– Ai-je pris le temps d’écouter les réactions avant d’agir ?
– Ai-je clarifié le sens, ou simplement annoncé la direction ?
– Qui sont mes vrais alliés dans cette transformation ?
Choisissez une action simple à poser dès demain :
rencontrer un allié, clarifier une intention, remercier un effort.
C’est souvent ainsi que naissent les bascules durables.
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