
Les questions puissantes : du faire au faire grandir
Aider l’autre à cheminer plutôt qu’à exécuter
1. De la solution à la conscience : la bascule intérieure
“La question puissante ne cherche pas la bonne réponse — elle provoque une prise de conscience.”
Poser une question puissante, c’est offrir à l’autre la chance de penser par lui-même.
C’est créer un espace où il devient auteur de ses choix.
C’est une bascule de posture : du faire au faire grandir.
Cela demande une vraie humilité : accepter que je n’ai qu’une vision — pas la vision.
Cesser de projeter sur l’autre ce que je crois juste pour lui.
Et adopter la curiosité du chercheur qui observe un être unique, presque comme un ovni, avec bienveillance et sans a priori.
“Qu’est-ce que tu cherches vraiment à résoudre ?”
“Qu’est-ce qui est le plus important pour toi dans cette situation ?”
“Quelle part de toi a envie de dire oui, et quelle part a envie de dire non ?”
Ces questions ne cherchent pas à orienter. Elles ouvrent.
Elles déplacent du mental vers le sens, de la justification vers la responsabilité.
2. Les ingrédients d’une question puissante
1. La qualité de présence
Avant les mots, il y a la posture intérieure.
Une question ne devient puissante que si elle naît d’une écoute vraie, d’un silence assumé, d’une curiosité sincère.
Être présent, c’est offrir à l’autre un espace où il peut penser, sentir et choisir.
2. La simplicité
Les questions puissantes sont souvent les plus courtes.
Elles vont droit au but, sans jargon ni préambule :
“De quoi as-tu besoin ?” — “Qu’est-ce qui t’empêche d’agir ?” — “Que voudrais-tu à la place ?”
3. La structure juste
Les bonnes questions commencent rarement par “Pourquoi ?”.
“Pourquoi” renvoie souvent à la justification, à la défense, au mental.
Les questions les plus fécondes sont factuelles, concrètes et exploratoires :
“Qu’est-ce qui se passe concrètement ?”
“Comment cela se manifeste-t-il ?”
“À quel point cela te freine ?”
“De quoi aurais-tu besoin pour avancer ?”
Elles permettent d’ouvrir, de comprendre sans juger, et d’inviter à l’action.
4. La bienveillance exigeante
C’est l’art d’oser confronter sans blesser, d’interroger sans diriger.
La question puissante ne contourne pas les zones d’inconfort : elle les éclaire — avec respect.
Elle peut déranger, mais jamais heurter.
Astuce WillWay :
Avant de poser une question, vérifie ton intention :
“Est-ce que je la pose pour comprendre… ou pour démontrer que j’ai raison ?”
3. Trois leviers concrets pour pratiquer
Les trois types de questions
Question ouverte → pour faire émerger
“Qu’aimerais-tu qu’il se passe dans l’idéal ?”
Permet d’ouvrir l’exploration, de susciter la créativité et d’élargir le champ des possibles.
Question ciblée → pour clarifier
“De quoi parles-tu exactement quand tu dis que c’est compliqué ?”
Recentre l’échange, aide à nommer les faits et à poser des repères concrets.
Question miroir → pour conscientiser
“Tu dis que c’est impossible, et en même temps tu sembles très impliqué. Qu’est-ce qui se joue pour toi ?”
Met l’autre face à sa propre parole, sans jugement, pour susciter la prise de recul.
Ces trois niveaux s’équilibrent selon le moment et la maturité de l’interlocuteur.
Trop d’ouvert = flou. Trop de ciblé = contrôle. La justesse se trouve dans le dosage.
4. La posture du jardinier
“On ne fait pas pousser les plantes en tirant dessus.”
Aider l’autre à grandir, c’est créer les conditions propices à sa croissance.
C’est donner la lumière, pas la forme.
La posture du coach — et du manager-coach — est avant tout une posture d’humilité et de confiance :
Confiance dans le potentiel de l’autre.
Confiance dans le processus.
Confiance dans le temps.
Le rôle n’est pas de tirer la plante vers le haut, mais d’en prendre soin.
Créer un espace de sécurité, d’écoute et d’exigence bienveillante où l’autre puisse se révéler.
5. Ce que cela change, profondément
Les collaborateurs deviennent acteurs de leurs décisions.
Les équipes gagnent en autonomie, lucidité et responsabilité.
Le manager retrouve un espace de souffle, libéré de la toute-puissance du “sauveur”.
Mais cela demande de la patience et du courage : accepter que la clarté ne vienne pas tout de suite,
accepter le silence, les hésitations, la lenteur parfois inconfortable du cheminement.
Ce qui ne marche pas :
Les “questions cachées” (“Tu crois vraiment que c’est une bonne idée ?”)
Les “questions directives” (“Tu ne penses pas qu’il faudrait faire ça ?”)
Les “questions pièges” (“Pourquoi tu n’as pas anticipé ?”)
Ces formulations ferment au lieu d’ouvrir.
Le premier petit pas
Prenez une minute.
Repensez à une situation où vous avez donné un conseil trop vite.
Et si, cette fois, vous aviez posé une question à la place ?
Laquelle ?
Demain, testez-le.
Une seule fois.
Une question à la place d’un conseil.
Et observez ce qui change — chez l’autre, et en vous.
Pour aller plus loin
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